« Toute la vie, ou toute l’élégance qui est la vie, réside dans la taille » ainsi s’exprimait la Muse du Département selon Honoré de Balzac.
Fort de cet adage qui ne demandait qu’à être mis à l’épreuve, j’ai troqué mon vieux portable, téléphone propre à téléphoner et surtout à recevoir des appels aux heures des repas, contre un très élégant smartphone naturellement grande taille, tout de noir vêtu (hommage à un maître ruthénois), dénommé « rainbow » donc susceptible d’iriser l’écran de tons chatoyants et qui, toutefois, m’est rapidement apparu fait pour l’oeil plutôt que pour l’oreille.
Il faut dire qu’en cela j’avais cédé à l’affectueuse pression de mon entourage me faisant benoîtement remarquer que mon vieux Samsung était quelque peu ringard, donc moi de même, et que mon conservatisme, fort surprenant chez un adepte de principes révolutionnaires, était plutôt de mauvais aloi.
C’est dès lors, muni de mon nouvel appareil, que les choses se compliquèrent. Moi-même, comme certains de mes contemporains, demeurant contre vents et marées un inconditionnel de la chose écrite… et répugnant à pianoter aveuglément sur un clavier…, après avoir vainement cherché sur le livret quelques explications étrangement absentes, j’ai finalement dû me résoudre à me lancer dans des tâtonnements improbables.
Ainsi, « naviguant » entre 23 heures et minuit et le smartphone m’imposant ses fantaisies, j’ai involontairement quelque peu perturbé le repos réparateur d’un certain nombre de mes « contacts »qui, au deuxième ou troisième appel, ont fort peu goûté mes prouesses numériques et m’ont voué aux gémonies de façon fort peu élégante et en grand format.
Ma consolation s’il en est une: désormais je sais approximativement utiliser un smartphone et, personnellement,je demeure convaincu, comme le déclamait Cyrano que: « Moi, c’est moralement que j’ai mes élégances » n’accordant qu’une confiance toute relative à la technologie.