La tradition, porteuse d’une réelle forme de civilité en direction de ceux à qui elle s’adresse, consiste à présenter à la famille, à l’entourage, et même plus largement aux personnes qu’on côtoie sans vraiment les connaître, les meilleurs voeux de santé, prospérité et finalement de bonheur pour la nouvelle année. Ceci est d’autant plus notable actuellement que, d’après les sondages, les Français et les Italiens sont les nations les plus pessimistes du globe, plus pessimistes même que celles qui sont en butte à la guerre, au terrorisme ou aux oppressions diverses.
J’aime bien me référer à ce qu’en pensent ou en ont pensé les auteurs. C’est ainsi qu’en l’occurrence Emile Zola nous faisait part, dans Le Docteur Pascal, son dernier ouvrage et certainement son préféré dans la série des Rougon, de sa conception du bonheur qui s’écarte des sentiers battus et poncifs de tous ordres:
-C’est un grand bonheur certainement que de se reposer dans la certitude d’une foi, n’importe laquelle; et le pis (ajoute-t-il ironiquement) est qu’on n’est pas maître de la grâce et qu’elle souffle où elle veut.
En revanche, faut-il donc croire au rationalisme comme possibilité d’accéder à une vie heureuse?
-La science a-t-elle promis le bonheur? Je ne le crois pas. Elle a promis la vérité et la question est de savoir si l’on fera jamais du bonheur avec la vérité.
D’où l’humanisme pragmatique de Zola:
-Le seul intérêt de vivre est de croire à la vie, de l’aimer et de mettre toutes les forces de son intelligence à la mieux connaître.
Je ne peux conclure sans citer cette phrase de sa Lettre à Félix Faure, en 1899 année fatidique pour le président, en pleine affaire Dreyfus:
-Je n’ai qu’une passion, celle de la lumière, au nom de l’humanité qui a tant souffert et qui a droit au bonheur.
En ces premiers jours de janvier, je vous souhaite donc une meilleure année que la précédente qui ne fut pas facile, sachant qu’elle dépendra pour partie, hors des leviers tels que la santé ou autres obstacles sur lesquels nous n’avons que peu de prise pour agir, des moyens que nous nous donnerons individuellement et collectivement pour que ce soit une bonne année 2015.