Dimanche 8 mars la douceur atmosphérique et un soleil radieux incitaient à enfin profiter d’une première échappée presque printanière, d’où l’objectif: visite de St Cirq Lapopie, la Rome du surréalisme dont André Breton était le très souverain pontife bien qu’il s’en défendît.
Sa maison, XIII° siècle, ancienne auberge des mariniers, paraît-il dénuée du plus élémentaire confort, et la vue qu’elle offre sur un méandre du Lot sont un enchantement chargé de l’histoire d’une passionnante aventure littéraire et humaine. Il y passa tous les étés jusqu’à sa mort. Il y écrivait en 1951 dans le livre d’or des Amis de St Cirq: « J’ai cessé de me désirer ailleurs… St Cirq a disposé de moi…Je crois que le secret de sa poésie…est le produit du plus rare équilibre dans la plus parfaite dénivellation des plans… ».
Ce point d’équilibre si cher aux surréalistes, à la confluence des contrariétés et des contradictions, tel que Breton le définit dans le Manifeste: « Tout porte à croire qu’il existe un certain point de l’esprit d’où la vie et la mort, le réel et l’imaginaire, le passé et le futur, le communicable et l’incommunicable, le haut et le bas, cessent d’être perçus contradictoirement. » A relire et à méditer.
Une incitation aussi à séjourner à St Cirq pour admirer cet équilibre et un « crève-coeur » (ARAGON) à considérer que cette maison est fermée, que toutes les archives qu’elle contenait, témoignages d’une époque si riche où Breton avait côtoyé Aragon, Eluard, Desnos, Dali … et tant d’autres, et recevait à St Cirq Max Ernst, Gréco et Léo Ferré, ont été dispersées au gré des enchères.
