Il est de tradition de présenter les vœux (vœux dont la probabilité de réalisation est aussi élevée que les prédictions de l’horoscope) à la famille, aux amis et plus généralement aux personnes que l’on côtoie.
Bien sûr, il s’agit d’un formalisme qui pourrait prêter à sourire si ce n’était que l’aphorisme qui sert à formuler ces souhaits ne permette de cultiver le relationnel. N’est-ce pas là l’essentiel ? Il est socialement important d’avoir ainsi des repères, de savoir que vous existez aux yeux des autres et que votre entourage sache que vous aussi vous prenez sa présence en considération.
Ce constat n’a rien d’angélique. Dans la période socialement tendue que nous vivons, la question du lien social est fondamentale. A l’heure du recul des solidarités nationales sous les coups de boutoir d’appétits financiers insatiables, à l’heure où l’individualisme devient la règle dans la course aux pis-aller pour tenter de sur-vivre, le refuge afin de pallier les difficultés se résume à la recherche de solidarités de groupe, particulièrement dans les quartiers où se concentrent les problèmes de précarité.
Ces solidarités sont souvent assises sur des fondements théologiques et/ou ethniques monolithiques donc exclusifs c’est-à-dire conduisant au rejet de tout ce qui est étranger au groupe, et accroissant le mal-vivre ainsi que des rapports houleux entre résidants.
Face à cela, il apparaît fondamental d’ouvrir d’autres possibles. Même si c’est modeste, la prise en considération des autres en est un. Il en va de la propre responsabilité de chacun au-delà des responsabilités politiques fondamentales qui sont ou devraient être celles des pouvoirs publics locaux ou nationaux.
Question formelle certes mais à laquelle répond le syllogisme d’Averroes (Abü al walid ibn-Ruchd), philosophe et théologien du XII° siècle, cité dans l’Huma du 3 janvier :
« L’ignorance mène à la peur
la peur mène à la haine
et la haine conduit à la violence
Voilà l’équation. »
Il est nécessaire de rétablir le cercle vertueux. C’est pourquoi je salue l’expression de Yann Arthus-Bertrand dans LA DEPECHE du 1° janvier 2017 : « Il ne faut pas moraliser les gens, il faut les aimer », c’est-à-dire les respecter, préciserais-je. Dans mon précédent article, je citais Victor Hugo :
« La forme, c’est le fond qui est remonté à la surface »
je veux bien croire que, dans de nombreux cas, le fond pourrait certainement se transformer si la forme changeait.
Meilleurs voeux à tous, sachant bien que 2017 sera d’abord ce que chacun pour sa propre part tentera d’ en faire.
