Remarquable exposition jusqu’au 4 mars au musée Denys-Puech des portraits des habitants de tout un village réalisés par René Caussanel à La Capelle Balaguier.
Nous connaissions René pour son exposition à la chapelle Paraire lors de l’assemblée générale de l’Association Artaud Rodez en 2007. Nous avions déjà perçu la force de ses portraits réalisés en milieu psychiatrique.
Les portraits réalisés à La Capelle sont quant à eux prenants par leur vérité intrinsèque. Au-delà de la figuration, les visages vont jusqu’à dévoiler l’intime personnalité des gens, mieux et beaucoup plus que la simple photographie, laissant percer, au-delà du regard par exemple, ce que d’habitude chacun tente de masquer sous un sourire ou l’austérité des traits.
C’est ce que formulait Giacometti qui, après un premier épisode figuratif lors de son adolescence, se posa le dilemme « à la fois du rendu du détail et de l’ensemble, du profil et de la face, du devant et du derrière de la tête dessinée » tout en réfutant tout recours au cubisme.
A 19 ans cela le poussa « à s’asseoir de nouveau devant la réalité… tentant de pénétrer dans la tête de l’autre, comme s’il y avait quelque chose à voir qu’on ne voit pas au premier coup d’oeil » *(Giacometti, Ecrits) et exigeant de ses modèles des poses interminables, remettant comme l’écrivait Boileau « cent fois sur le métier [son] ouvrage ». Quel, plus bel Hommage à rendre à René Caussanel que la lecture de ces écrits par Charles Berling et Pauline Cheuiller dimanche 14 janvier après-midi en présence de leur ami.
Une réflexion sur la difficulté du « rendre compte » formulée par Jacques Prévert dans « La promenade de Picasso » [Paroles]
un peintre de la réalité
essaie vainement de peindre
la pomme telle qu’elle est
mais elle ne se laisse pas faire
la pomme
elle a son mot à dire
et plusieurs tours dans son sac de pomme
[……..]
et c’est alors que le peintre de la réalité
commence à réaliser
que toutes les apparences de la pomme
sont contre lui et […]
le malheureux peintre de la réalité
se trouve soudain alors être la triste proie
d’une innombrable foule d’associations d’idées
Et la pomme en tournant évoque le pommier
le paradis terrestre et Eve et puis Adam
[………….]
et le peintre arraché à ses songes
se retrouve seul devant sa toile inachevée
avec[…]les terrifiants pépins de la réalité.
Un après-midi comme on souhaiterait en avoir souvent à Rodez. Merci à Benoît Decron, à Carole Bouzid et à tout le staff des musées de nous avoir offert cela.

