Carabistouilles ou Bidouillages argumentatifs

CARABISTOUILLES ou BIDOUILLAGES ARGUMENTATIFS?

Clémenceau comptait parmi les maîtres des jeux de mots incisifs et des formulations assassines. Plus proche de nous, Charles (DeGaulle) avait relancé le vocable «chienlit» en 1968Edmond (Maire) suivit quelques années plus tard, remettant à l’honneur l’adjectif «obsolète». Ainsi, le risque d’obsolescence de termes constituant notre fonds lexical était écarté. Ceux-ci étaient même l’objet d’une résurrection inattendue, sauvant notre langue du Sabir, du Pidgin et du Franglais auxquels elle semblait vouée et créant un effet de surprise destiné à capter l’attention des auditeurs sur l’ensemble du discours. Double bénéfice.

Plus récemment, la lexicologie présidentielle s’enrichissait même d’emprunts semi-argotiques sous l’impulsion de Nicolas (Sarkozy) n’hésitant pas à puiser dans le registre des pratiques langagières autres que celles réputées nobles. Son très discutable «casse-toi pauv’con »  à défaut de faire frémir les banlieues ne l’avait pas franchement servi en 2012.

Quant à nos dirigeants actuels, ils ne sauraient faillir à cette tradition. Ségolène (Royal), en 2012, donnait dans le néologisme «bravitude» alors qu’elle s’exprimait du haut de la muraille de Chine au moment où elle affichait son ambition d’accéder aux commandes du pays de «la libertude, de l’égalitude et de la fraternitude» ainsi que Christophe ALEVEQUE titre un de ses contes.

Emmanuel Macron [étymologiquement Emmanuel signifie Dieu est avec nous, Dieu ou Jupiter allez savoir] , se devait d’apporter sa pierre à l’édifice. Il n’y  manqua pas. Jeudi, sur TF1, il plagiait on ne peut mieux Jean-Luc(Mélenchon) faisant référence sans en citer l’auteur aux célèbres «carabistouiiles» dont le leader F.I. qualifiait les  pseudo- magouilles concoctées d’après lui par les Cocos, les Hamono-socialos et les Ecolos.

 

 

Il est vrai que pour l’adepte de la dialectique que je suis, il y a là matière à réflexion. En effet si l’on estime que Satan est la justification de la nécessité de Dieu et que le baiser de Judas est celle de Jésus  en tant sauveur sinon il serait demeuré un simple  inconnu, en donnant suite à l’algorithme, sans s’appuyer sur les bons mots de Jean-Luc comme faire-valoir existentiel, Emmanuel aurait la tâche moins aisée afin de faire avaler la potion amère qu’il concocte à l’encontre des cheminots, des retraités et des personnels de santé.

Ainsi, dans la «bande des quatre» présidentiables de 2017 (à l’origine métaphore maoïste), seuls Marine (Le Pen) et François(Fillon) n’ont encore rien innové en la matière. Marine, dans la triste lignée qui est la sienne, n’est que le pâle reflet de son père Jean-Marie auteur de l’ignoble «Durafourcrématoire» et  a franchement de quoi s’occuper à s’extraire de la gadoue où elle s’est enlisée. François, quant à lui, rigide dans son complet-veston, en bon énarque s’est simplement attaché à améliorer les statistiques de reclassement de Pôle Emploi par sa contribution personnelle.

A ce point d’évolution du français contemporain, afin de n’utiliser le mot que dans son acception la plus pertinente, j’ai cherché «carabistouilles» dans le Petit Robert– échec . Je l’ai cherché dans le Petit Larousse illustré-encore échec. je l’ai cherché dans le Littré-toujours échec. Il n’est même pas cité. Il est vrai que les éditions que je possède commencent comme moi-même à faire date puisque je les avais déjà en main voilà plusieurs décennies.

Toutefois, obstiné dans ma démarche, j’ai donc en dernier recours consulté Wikipédia, me disant: «que la lumière soit»… et enfin «la lumière fut» (Fiat lux et facta est lux, trouve-t-on dans la Génèse). «Eurêka» eût dit d’Archimède. Wikipédia me révéla que « Carabistouilles »  ne s’emploie qu’au pluriel et est un mot supposé d’origine Belge. C’est un mot-valise à base d’argot vieilli fleurant bon les corons du Nord . De plus, qu’à cela ne tienne, c’est donc un mot français. Ouf, l’honneur est sauf!!!

D’ailleurs, César , pas celui de Marseille, mais l’autre, Jules de son prénom, atteste la véracité de cette origine nationale dans « La Guerre de Gaules»: «Toute la Gaule est divisée en trois parties dont l’une est habitée par les Belges, l’autre par les Aquitains et la troisième par ceux qui, dans leur langue se nomment les Celtes et dans la nôtre les Gaulois». Dont acte.

Ne ravalons pas notre fierté d’autant que si, à l’époque, nous étions déjà unis aux Belges, parmi les trois groupes, Jules considérait les Gaulois comme étant les plus valeureux et, depuis les Belges francophones, sont toujours considérés comme les meilleurs linguistes à la pointe des recherches lexicales et grammaticales. Il n’y a donc aucune honte à leur emprunter ce qu’ils ont de meilleur avec bien sûr aussi leur bière.

Soyons par conséquent admiratifs face aux  prouesses oratoires de nos femmes et hommes politiques si prolixes en matière de mots sachant frapper les imaginations et indéniables têtes de proue d’une francophonie qui va sans cesse de l’avant. Je n’ose dire en marche.