Du sens des mots et du non-sens des faits

« Humeur » et « humour » , tous deux du même radical issu du latin « humor » désignent indistinctement tout liquide dont entre autres « lait et larmes ». 

C‘est à l’évidence victime d’une irrépressible montée d’humeur noire qu’une mère aveyronnaise, plutôt atrabilaire, s’est vu condamner par le tribunal de Rodez, le 5 décembre, a une amende de 500€ (avec sursis tout de même) pour avoir cruellement frappé son jeune fils( certainement encore au biberon car ayant moins de 15 ans ) avec…une tapette à mouches. Il paraîtrait qu’elle aurait poussé le sadisme jusqu’à utiliser aussi le manche. Dommage que le fils ne puisse percevoir les 500€. Il aurait pu s’offrir une mobylette d’occasion, voire neuve en suscitant une nouvelle agression maternelle. ( le blog-noteur s’autorisant ce petit trait d’humour).

On ne sait jusqu’où peut aller se nicher l’humour. Le lendemain, le 6 décembre, à Mantes-la Jolie, 135 jeunes de classe terminale – qui prétendaient manifester leur désapprobation quant à PARCOURS SUP en bloquant l’entrée de leur lycée – étaient alignés face au mur,à genoux et mains dans le dos, par les CRS qui, ravis, pouvaient  s’exclamer, si j’en crois la presse: »Voilà une classe enfin sage ». Ce n’était plus de l’humeur ni de l’humour mais  carrément de l’ironie, « action qui consiste à dire le contraire de ce que l’on veut faire entendre afin de tourner les personnages en dérision, nous indique le dictionnaire, ce qui prouve que les CRS peuvent eux-aussi être de fins linguistes et qu’à leurs yeux le substantif « élève » peut après bien des années d’égarement trouver une nouvelle résonance dans le substantif « élevage »  de même radical si j’ose dire. N’appelle -t-on pas dans le milieu agricole « élèves » les veaux parqués en batterie? « Dura Lex sed Lex » nous rappellent les pages (pas si) roses du Larousse.

De la tapette au tonfa, du traumatisme physique au traumatisme psychologique, il n’y a qu’une question de degré, « même pas l’épaisseur d’une feuille de papier cigarette » dirait un personnage aux hautes fonctions plagiant un de ses prédécesseurs. D’ailleurs, Churchill lui-même, qui était fin adepte de la méthode dénommée « caning » pratiquée dans les « High-Schools » britanniques et, d’après lui, cancre notoire ayant largement expérimenté sur son dos et ses fesses les coups de cravache inhérents à ladite méthode , estimait que ça lui avait forgé le caractère.

Pour ma part, après avoir subi (vécu?) 5 années d’internat dans ce qui s’appelait à l’époque un Cours Complémentaire dans lequel on ne s’attardait pas à considérations plus ou moins « psychisantes » et où, pour tout débordement ( heureusement à ce tarif ils étaient rares ) soit on nous envoyait au mieux à genoux face au mur mains sur la tête,au pire une règle sous les genoux, soit on  nous donnait le choix entre une retenue ou une paire de claques, personnellement je penchais pour la seconde proposition sans m’en plaindre à domicile sinon la sanction eût été redoublée. Croyez-vous que ce soit cette « frappante » manifestation d’autorité qui m’ait plus tard convaincu de devenir à mon tour instit puis prof?

Depuis, les temps ont bien changé. « O tempora! O mores » s’exclamait Ciceron. Cependant, ils ressuscitent parfois de façon inattendue. Je ne peux donc m’empêcher de supposer que les CRS de Mantes aient fait leurs humanités dans l’établissement que j’ai connu lors de mes jeunes années sinon dans quelque régiment d’infanterie de marine façonné par les ex-guerres coloniales.

 

Laisser un commentaire