« FIgaro – ci / Figaro – là « : air connu mais gouffre abyssal entre l’ironie cinglante pratiquée par le héros de Beaumarchais en 1778 et le contenu plus que convenu rencontré à notre époque dans le titre éponyme loin de l’audace du Barbier de Séville ainsi que plus généralement dans la presse actuelle.
Il y a des exceptions dont ce billet d’humeur de Maurice Ulrich dans l’Huma, rubrique « Cactus ». Le défi relevé par le journal de Jaurès daté du 15 janvier vient à point nous rappeler que de 1778, première du « Mariage de Figaro », à Grand Bourgtheroulde première du grand débat lancé début 2019 par le Président Macron, suivie de Souillac puis de Bourg-de- Péage, le temps n’est pas resté suspendu contrairement aux apparences.
Pour s’en convaincre, il convient simplement de rappeler la lettre de Louis XVI datée du 27 avril 1789, toujours citée par M. Ulrich dans l’Huma du 16 janvier 2019:
« Nous avons besoin du concours de nos fidèles sujets pour nous aider à surmonter toutes les difficultés où nous nous trouvons relativement à l’état de nos finances et pour établir,suivant nos vœux, un ordre confiant et invariable dans toutes les parties du gouvernement qui intéressent le bonheur de nos sujets et la prospérité de notre royaume ». (sic)
Convocation des Etats Généraux à laquelle le souverain mit fin, pensant que cela allait trop loin, sous la pression de la Noblesse et du Haut Clergé crispés sur leurs privilèges. On sait ce qu’il s’ensuivit.
L’histoire ne se répète pas, du moins de la même façon, mais la littérature, riche d’enseignements, est là pour nous donner à réfléchir et nous mettre en garde. L’appétit insatiable de profit d’un petit nombre, ceux que l’on désigne par le terme oligarchie, à trop protéger ses privilèges, ne risque-t-il pas de nous conduire vers des impasses?
Certes, je suis prêt à concéder que ce ne sont pas les trois milliards d’ISF rétabli qui résoudraient les fins de mois difficiles mais pour le moins permettraient-ils de résorber en partie le sentiment fortement ancré d’injustice sociale nourri par l’étalage indécent de salaires mirobolants et de parachutes dorés dont les bénéficiaires pratiquent l’exil fiscal. Ce serait un symbole fort. On se plaît à rêver à l’embauche de contrôleurs fiscaux nippons.
Ceci n’est pas la seule cause d’un malaise réel. Je souhaiterais, pour avoir œuvré aux prémices d’une politique prioritaire de la ville dans les quartiers où le seuil de pauvreté touche parfois près et même au-delà de 30% de la population, que le Grand Débat trouve dans ces quartiers une place première. Je sais que ce ne serait pas facile mais ces gens-là ont vraiment leur mot à dire. Cela donnerait certainement un éclairage nouveau et pourrait rendre, à condition de ne pas se contenter de réponses dilatoires, une certaine crédibilité à la politique.
Quoiqu’il en soit, ces quelques lignes peuvent d’ores et déjà constituer très modestement de ma part un début de participation au débat.
